À la suite d’un premier DuoDay réussi au sein du service de scolarité de l’UFR Psychologie, Joran Tanquerel, 29 ans, a poursuivi sa découverte du métier de gestionnaire de scolarité au sein de l’UFR STAPS, dans le cadre d’un stage de reconversion professionnelle. Non-voyant depuis quatre ans, Joran a pu soulever de manière concrète les questions liées à l’accessibilité professionnelle, tout en offrant une expérience enrichissante à toutes les parties prenantes.

Un accueil préparé grâce à une mobilisation collective

Originaire du Calvados, ancien technicien en bureau d’études en génie thermique et énergie, Joran est un passionné de sport : tandem, voile, showdown (un sport adapté combinant tennis de table et jeu de palet). Rejoindre l’UFR STAPS a donc été l’occasion de partager avec l’équipe son parcours de vie, son quotidien de personne non-voyante, ainsi que ses astuces et ressources pour aller de l’avant.

Avant l’arrivée de Joran, la Direction des systèmes d’information (DSI), le bureau Égalité, diversité, inclusion et qualité de vie au travail (EDI QVCT), Cap emploi et l’UFR STAPS se sont mobilisés pour anticiper ses besoins et lui offrir un poste de travail adapté, garantissant ainsi une prise de fonction dans les meilleures conditions.

Dès les premiers échanges, les équipes administratives et de direction ont accueilli Joran dans un esprit de bienveillance, avant une visite des infrastructures du campus 2, puis une navigation sur le site internet de l’UFR à l’aide d’un logiciel de lecture par synthèse vocale installé préalablement.

« Un très bon accueil, une équipe curieuse de ma situation par rapport au handicap, et avec l’envie de bien faire pour me faire découvrir les facettes du métier de gestionnaire de scolarité », témoigne Joran après cette première journée. Car plus qu’un stagiaire, c’est un professionnel en reconversion, actif et déterminé, que l’UFR a accueilli.

Mesures d’accessibilité : un premier état des lieux

Cette immersion a permis de mettre à l’épreuve l’environnement de travail dans une logique d’inclusion. Très concrètement, le déplacement sur le campus 2 a déjà soulevé quelques défis : en effet, avec un manque de bandes de guidage et un revêtement irrégulier, le sol du campus ne facilite pas la circulation des personnes non-voyants. Par ailleurs, la multiplicité des logiciels et des outils numériques utilisés a révélé un manque d’adaptation des outils de travail de l’université pour les personnes non-voyantes. La navigation sur les sites web de l’université, avec leurs nombreuses rubriques et catégories, peut notamment être longue et difficile d’accès. Afin de minimiser les bugs à la lecture par les logiciels adaptés aux non-voyants, tous les sites sont justement en train d’être retravaillés afin de les rendre accessibles et conformes.

Néanmoins, grâce à l’accompagnement des équipes, Joran a pu mener certaines missions du métier de gestionnaire de scolarité : lecture des fiches de formation, participation à un conseil d’UFR, traitement des tickets étudiants via le logiciel Helpdesk, préparation des examens, saisie des notes, ou encore construction d’emplois du temps.

Grâce aux retours enrichissants et concrets de Joran, l’UFR STAPS a pu constater l’importance de mettre en œuvre des mesures d’accessibilité et d’envisager des améliorations, notamment de :

• Développer une meilleure compréhension des besoins des personnes non-voyantes ;
• Acquérir des réflexes concrets d’accompagnement, comme les techniques de guidage ;
• Réfléchir à l’amélioration des environnements de travail et des outils numériques ;
• Être sensibilisée à des situations vécues rarement représentées dans les stages ou immersions professionnelles.

Des bonnes pratiques à généraliser au reste de l’université !

Test en conditions réelles du projet de recherche SAM GUIDE

En parallèle du stage, Joran a également été testeur volontaire du projet SAM GUIDE, porté par Élise Faugloire, enseignante-chercheuse en STAPS, au sein du laboratoire CERREV. Il s’agit d’un système de guidage multimodal, actuellement à l’état de prototype, qui associe une ceinture vibrotactile et des capteurs embarqués, pour permettre aux personnes non-voyantes de se déplacer de façon autonome et sécurisée dans l’espace.

Accompagné de Mathieu Thomas (chercheur postdoctoral), Mohammed Achraf Tamzit (élève ingénieur en systèmes embarqués) et Jessy Barré (enseignant-chercheur en STAPS), Joran a expérimenté ce dispositif sur le campus. Une expérience qui s’est avérée très concluante pour Joran, qui s’est proposé pour tester les futures versions du prototype : « Sincèrement, c’est prometteur : le produit fini changerait clairement mon quotidien. Je n’ose pas m’aventurer en ville alors que là, avec le gilet, je serais guidé complètement. […] En complément de l’ouïe et de la canne, quand on approche d’un obstacle, l’équipement se met à vibrer de plus en plus vite. […] J’incite le CERREV à continuer et à aller jusqu’au bout, car cet outil peut vraiment changer le quotidien des non-voyants ». Quelques semaines après son stage à l’UFR STAPS, Joran a retrouvé l’équipe du CERREV pour plusieurs tests, notamment en intérieur mais aussi dans la commune où il vit et les résultats sont de plus en plus concluant. Un projet à suivre de près.