Les étudiants ont été nombreux à voter pour le premier budget participatif de l’établissement : il y aura bientôt des espaces de restauration en libre accès sur les campus, un autre de repos au campus 1, et une distribution de protections hygiéniques durables à l’université !
Rendre les étudiants acteurs de leur vie de campus
Lancé en février, le budget participatif étudiant a pris ses marques au sein de la communauté étudiante. Reposant sur un principe simple (les étudiants proposent, votent, puis l’université réalise), cette expérimentation a rencontré un succès intéressant durant le deuxième semestre et ouvre de nouvelles perspectives pour renforcer la participation de la communauté étudiante à la vie des campus, et plus globalement à l’élaboration des actions de l’université.
Les étudiants ont pu, tout au long du mois de février, formuler 31 propositions pour améliorer la vie des campus. Plus de 200 soutiens ont été apportés à ces différentes propositions, qui touchaient des sujets divers : mobilité, lutte contre la précarité étudiante, bien-être, développement durable…
« Le budget participatif est une première étape pour la construction d’une université plus citoyenne, donnant le pouvoir d’agir à toutes les étudiantes et tous les étudiants de l’université. ».
Théo Lesénéchal, étudiant en droit et Vice-Président étudiant de l’université
Durant le mois de mars, une commission dédiée ainsi que les services de l’établissement ont pu évaluer l’éligibilité et la faisabilité des propositions formulées par les étudiants. Une limite de 10 000€ maximum était notamment fixée, soit un tiers du budget participatif, afin de pouvoir financer au moins 3 projets différents. L’université a également été vigilante à la possibilité de dupliquer les actions soumises au vote sur plusieurs campus. Ce sont finalement 11 propositions qui ont été soumises au suffrage des étudiants à la fin du mois de mars.
La non éligibilité de plusieurs propositions était notamment due au dépassement de la limite de 10 000€ par proposition, au fait que certaines propositions ne relevaient pas des compétences de l’établissement, ou encore que certaines propositions ne s’inscrivaient pas dans l’une des thématiques de la Contribution vie étudiante et de campus – CVEC dont est issu le financement du budget participatif.
Les 3 propositions lauréates
A l’issue de deux semaines de vote, 1 115 étudiants se sont exprimés en faveur de 3 projets parmi les 11 soumis au vote, qui seront réalisés sous un an. Afin d’éviter les inégalités entre les campus, les projets devaient pouvoir être dupliqués sur d’autres campus,
Un espace de restauration en libre accès
La question est devenue récurrente ces dernières années, et encore plus durant la crise sanitaire lorsque les restaurants universitaires ont été fermés alors qu’une partie des étudiants revenaient sur les campus. Dans l’urgence, l’université avait dû aménager des espaces de restauration.
S’inscrire en complémentarité des restaurants universitaires et des cafétérias, l’objectif de la proposition est clair. « Il manque un élément essentiel sur nos campus : des zones de restauration en libre accès, où nous pourrions apporter notre repas et avoir de quoi le réchauffer » a argumenté Clea en rédigeant la proposition lauréate.
Une partie des étudiants apprécient le fait d’apporter eux même leur nourriture. La météo normande étant parfois capricieuse, les lieux de restauration en intérieur sont très vite limités à quelques espaces de vie ou des couloirs. La difficulté de répondre à ce besoin est due à un ensemble de facteurs : des questions d’entretien et de nettoyage des espaces et de l’équipement mis à disposition se pose, notamment pour des raisons d’hygiène et de sécurité d’une part, et la disponibilité d’espaces adaptés d’autre part, gardant une logique de proximité avec les étudiants.
Le budget participatif va permettre de lancer rapidement une première réponse, et montre l’importance de l’attente au sein de la communauté étudiante.
« Il y a un vrai besoin, et le seul budget participatif ne pourra pas permettre l’aménagement de ce type d’espaces sur l’ensemble de nos campus. Nous allons initier une réflexion pour que ce projet lauréat ne soit pas réalisé qu’au campus 1, mais bien sur l’ensemble des campus de l’université, en proximité directe avec les étudiants. Le budget participatif va donc nous permettre de lancer l’action, et l’établissement pourra progressivement multiplier ce type d’espaces sur la totalité des campus »
Théo Lesénéchal, étudiant en droit et Vice-Président étudiant de l’université
Alors que dans son enquête de 2016, l’OVE – Observatoire de la vie étudiante recensait que 48 % des étudiants déclarent sauter des repas pendant une semaine normale de cours, l’aménagement d’espaces de restauration en libre-accès a naturellement été plébiscité par la communauté étudiante.
Une distribution de protections hygiéniques durables
La précarité menstruelle, c’est-à-dire la difficulté ou le manque d’accès aux protections hygiéniques pour des raisons financières, est une problématique touchant un grand nombre d’étudiantes. Longtemps tabou, ce sujet a émergé dans le débat public grâce à des associations et a particulièrement été mis en lumière ces dernières années avec la crise sanitaire et la question globale de la précarité étudiante. D’après une enquête réalisée en février 2021 par la Fage – Fédération des associations générales étudiantes, l’ANESF – Association nationale des étudiants sages-femmes, et l’Afep – Association fédérative des étudiants picto-charentais, la précarité menstruelle toucherait un tiers des étudiantes.
Outre les aspects liés à la santé, l’accès aux protections périodiques constitue un enjeu de dignité, de solidarité et d’égalité des chances, la précarité menstruelle impactant directement la réussite des étudiantes.
La proposition de distribuer directement aux étudiantes sur les différents campus de l’université des protections hygiéniques durables a naturellement été parmi les propositions les plus plébiscitées par la communauté étudiante.
Une proposition qui vient compléter la future réponse de l’université
Nous en parlions il y a quelques mois, une réflexion a été lancée au sein de l’établissement pour apporter une réponse harmonisée et généralisée à l’ensemble des différents campus.
« Nous sommes actuellement en train de rencontrer différentes associations étudiantes qui œuvrent dans ce domaine ou ont déposé des demandes de subvention pour financer des actions de lutte contre la précarité menstruelle. Notre objectif est de pouvoir apporter une réponse harmonisée et généralisée à l’ensemble des différents campus. Au-delà de la question de la mise en place de distributeurs, cette distribution, qui figure parmi les premiers lauréats du budget participatif étudiant, peut permettre d’avoir un vrai dialogue et de briser le tabou des règles et s’inscrire en complémentarité de ce grand chantier. »
Hélène Bouraïma-Lelong, Vice-Présidente en charge de la vie étudiante
Un espace de repos et de sieste
D’après une étude de la Smerep, réalisée en 2018, un étudiant sur deux déclare avoir des problèmes de sommeil, et un sur cinq dormir moins de 6 heures par nuit. Les causes peuvent être multiples : stress due aux périodes d’examens, à d’autres facteurs de la vie quotidienne, utilisation tardive des écrans…
C’est dans cette optique que la BU Madeleine-Brès s’est dotée à la rentrée 2021 de cocons de sieste, qui peuvent être réservés, les autres BU mettant à disposition par exemple des fauteuils inclinés pour se détendre.
Yassine Far-Hate, à l’origine de la proposition, rappelle en contextualisant l’idée un élément essentiel : « Des études ont montré que grâce à une sieste les performances et la vigilance donc la concentration est énormément améliorée juste en effectuant une sieste de 15-20 minutes »
Il faudra désormais affiner les éléments budgétaires, et trouver l’espace le plus adapté.
Le vote est passé, et maintenant ?
Désormais, c’est l’heure de la réalisation des projets lauréats. L’université va prendre contact avec les étudiants à l’origine des propositions sélectionnées par le vote de la communauté. Cela doit permettre aux services de l’établissement de préciser certains éléments, et apporter un avis sur la feuille de route. Les projets seront intégrés aux plans de charge des services concernés, afin d’être réalisés idéalement dans une durée d’un an.
Un suivi de la réalisation des trois projets sera mis en place et actualisé de manière régulière sur la plateforme participative de l’université afin que les avancées soient transparentes avec la communauté.
Et pourquoi pas, ensuite, lancer une deuxième édition lors de la prochaine année universitaire ?