Pour les amateurs de boxe et les supporters du club de football caennais, le nom de Rim Ridane est bien connu. 3 fois championne du monde de boxe française, 2 fois championne d’Europe, 7 fois championne de France et désormais préparatrice mentale du Stade Malherbe, l’angevine a posé ses valises à Caen et au sein de l’UFR des sciences.
Une championne sur les rings
Si c’est en boxe que Rim Ridane a brillé, c’est pourtant sur les tatamis que tout a débuté. En finale des Championnats de France, un coup au visage l’a cependant éjecté du tatami et a mis fin à l’aventure. « L’impact de la chute a provoqué un trauma crânien et des micro-lésions au niveau du cortex cérébral, j’ai donc dû arrêter le sport durant deux ans. C’était une période très compliquée » explique-t-elle.
Bien que son neurochirurgien lui dise d’arrêter les sports de combat, pour Rim, cela n’est « pas concevable ». Cherchant à devenir enseignante d’éducation physique et sportive, elle intègre une formation de STAPS à l’université de Nantes où elle s’inscrit dans une spécialité de boxe française. Cumulant les blessures, comme « une fissure aux cervicales, des entorses », elle peine à retrouver un niveau lui permettant de poursuivre les compétitions. Après quelques désillusions, la détermination de Rim l’emporte. Elle enchaîne les titres nationaux, mais aussi européens et mondiaux. « En 6 ou 7 ans de boxe, j’ai cumulé tous les titres » se rappelle Rim.
La boxeuse s’organise pour « trouver un équilibre constant entre les études et le travail par la suite ». Elle ne s’est cependant « jamais uniquement consacrée qu’au sport ». Fin 2022, après être arrivée à Caen, Rim prend finalement sa retraite des rings. Elle s’arrête au sommet, dans la foulée de son troisième titre de championne du monde remporté à Milan. La compétitrice a eu le sentiment d’être arrivée « au bout de ce que j’avais envie de faire » narre t-elle, voulant « éviter l’année de trop ».
« Une éternelle étudiante »
En parallèle de sa carrière sportive, Rim n’a jamais vraiment arrêté les études. Se décrivant comme « une éternelle étudiante », elle a obtenu un diplôme en STAPS, puis en hypnose, et enfin un MBA en management, commerce et entrepreneuriat. Elle est désormais étudiante à l’université de Caen Normandie, où elle prépare sa soutenance de mémoire pour son master en neurosciences, sa « passion en dehors du sport », avant de préparer son entrée prochaine en doctorat au sein du laboratoire COMETE.
« L’opportunité se présente de pouvoir faire un doctorat, et je ne peux pas passer à côté. C’est vraiment ce qui crée le lien avec tout ce que je fais » précise Rim. Son sujet d’étude pour sa thèse sera l’impact des troubles mentaux chez les sportifs de haut niveau, ce qui comprend « le stress, le sommeil, l’anxiété » dans un milieu qu’elle connait depuis des années. Les études de neurosciences sont pour Rim ce qui fait de son parcours « quelque chose de très cohérent ». Une thèse rendue possible grâce à « un intérêt mutuel » entre son laboratoire de recherche et son employeur, le Stade Malherbe de Caen.
Préparatrice mentale au Stade Malherbe de Caen
Dans le cadre de son travail de préparatrice mentale pour le club de ligue 2, les joueurs sont en même temps ses sujets d’étude. Son travail avec les Bleu et Rouge lui « sert également pour le laboratoire » et sa recherche en neurosciences vient « améliorer mes compétences de préparatrice mentale, permettant de mieux comprendre ce qui se passe dans la tête des joueurs » souligne Rim.
Pour la star des rings, être préparatrice mentale, « c’est accompagner quelqu’un au changement, lui donner les moyens de trouver les clés pour agir soi-même ». Une approche bien perçue par les joueurs, favorisant son intervention auprès d’eux avec des séances individuelles ou collectives par exemple sur « la cohésion d’équipe » ou encore « le sommeil, les problèmes de concentration ou de frustration » qui peuvent gêner le sport de haut-niveau, ou toute autre difficulté « qui joue sur la performance sportive ». Et c’est bien l’approche neuroscientifique que met Rim en avant auprès des joueurs du club caennais, qui lui apporte « des preuves d’un point de vue neuroscientifique, basées sur l’étude et la recherche » indique-t-elle.
Comme pour son club, Rim n’oublie pas que son parcours est une aventure collective, rendue possible grâce à « mes coachs Thierry Bocquel et Denis Claude, qui ont toujours eu confiance en moi », mais aussi « ma famille », « Antoine Gauthier et Tomas Fréret », ses directeurs de recherche au sein du laboratoire COMETE.